théâtre craie

Les Terriens
assurez-vous que vous faites totalement autre chose
de Claire Rengade

« ta vie est plus courte que ce que tu cherches »

La pièce est une épopée souterraine au coeur d’une machine tentaculaire, cathédrale futuriste, où bâtisseurs et chercheurs repoussent toujours plus loin les limites de l’espace et du temps. A cent lieues sous terre, l’humanité laborieuse – ici appelée « ceux de la machine », « les outillés », « ceux de l’ascenseur », « Julie », « le Vieux »... - participe à la grande entreprise de la quête des origines.

Photo Sergio Grazia
Photo Sergio Grazia
Les terriens. Colline Caen, Claire Rengade.

Plus ça creuse, plus on remonte le temps. Claire Rengade réussit ce tour de force d’imbriquer les temporalités – le « ici et maintenant » et le temps « dit zéro » d’avant la création. De ce joyeux télescopage sort une cosmogonie inédite avec sa galerie de créatures où l’on peut y croiser Dieu en "gueule noire", Ulysse, l’homme avant sa naissance, Adam et Eve...
Cette grotte de début ou de fin du monde s’agrège les diverses strates du temps - social, universel ou intime. Si la machine devient une matrice métaphysique, elle n’en reste pas moins un système de production avec ses rouages - plans d’action, stratégie, planning et hiérarchie. Composée en vingt quatre mouvements, la pièce se déroule allegro tout en muscle et en nerf. La parole - toujours adressée - est une musique où la langue chahutée, éclatée, contorsionnée surgit et résonne. Il y a une fragilité du vivant là-dedans, quelque chose qui échappe, en équilibre instable, au bord.
Fanny Prud’homme, conseillère artistique au Théâtre de la Tête Noire à Saran, responsable du comité de lecture.

Photo Sergio Grazia
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Les terriens. Franck Giraud, Colline Caen, Radek Klukowski, Stéphane Bernard, Jérôme Ogier, Laura Tejeda, Claire Rengade.
Photo Sergio Grazia
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Les terriens. Radek Klukowski, Laura Tejeda, Colline Caen, Jérôme Ogier, Stéphane Bernard, Franck Giraud.

Interview de Claire Rengade pour le théâtre Poche : Genève (extraits)

Les origines de la pièce, une visite du CERN, ne sont clairement repérables que tard dans le texte, dévoilement qui constitue l’un des ressorts dramatiques. Votre théâtre procède-t-il de préférence d’expériences vécues ?

Je me trouve des alibis pour aller à la rencontre d’univers inconnus pour moi. Mes résidences sont à la fois une curiosité de première fois, une destination de voyage si vous voulez, les yeux sont neufs, les oreilles ne perdent rien, les paysages ne sont qu’éblouissement, je me projette et j’apprends. C’est un état d’enfance : je pose des questions naïves, j’apprends une langue, j’ai une autre vie pour un temps. (..)
L’expérience au Cern est assez émouvante : en ne comprenant rien aux mots échangés, nous étions obligés d’inventer des mots communs, expérience qui sied aux chercheurs de la physique fondamentale ! Et ils valident immédiatement vos approximations langagières, ils traquent le néologisme pour l’adopter aussitôt, nous nous alimentons les uns les autres de ces découvertes. (...)
Je ne cherche pas à raconter le Cern, j’en suis incapable, je ne vais pas m’avancer en physique fondamentale, je me suis attachée au prototype gigantesque pour y planter mes mots, j’ai relu à tire larigo, Jules Verne, Dante, Reeves et Cendrars, j’ai découvert Einstein philosophe, parlé de Dieu au poste de contrôle, participé à un trafic de plants de tomates, encouragé les fantasmes autour du trou noir, appris à mesurer du grand au fil à pêche et fait des dessins séquentiels de tunnels avec des enfants du monde entier. (...)

Photo Sergio Grazia
Photo Sergio Grazia
Les terriens. Stéphane Bernard, Colline Caen.

J’imagine, et c’est ce que raconte le texte, que nous sommes tous dans cette machine qui fonctionne (on ne sait pas forcément comment, chacun a sa tâche (mais plus personne n’a le tout de ce qu’il construit), et cette machine, son graal, ce serait le temps. J’imagine encore (l’écriture peut tout) qu’une application humaine serait possible immédiatement dans le LHC (le grand accélérateur de particules), et qu’au lieu d’envoyer des protons on enverrait des gens dans les accélérateurs (pas besoin de lire Paul Virilio pour convenir que notre société ne cesse de nous accélérer !). Cette idée vient d’ailleurs d’une boutade s’un physicien qui me disait en riant qu’ »on n’était pas obligés de se comporter comme des protons ». Le décor est planté : « un homme ou un femme » parlant de « sa vraie voix », c’est à dire vous parlant sans masque et directement, vous invite à prendre connaissance de cette machine « au top », vous lit le mode d’emploi, vous propose des exercices de respiration visant à neutraliser l’angoisse (« restez froids »), qui sont aussi de réelles données du vide cryogénique, sans lequel les collisions ne peuvent avoir lieu. Nous en sommes chapitre 2, je ne déroulerai pas toute la pièce dans son explication de texte, ou s’articulent en même temps de « vraies choses scientifiques » : vitesse, température, isolation, décomposition, ... du moins évidents tels que la réversibilité, l’ubiquité, le charme, la fusion, ...voire de l’inconcevable comme la suprasymétrie, C’est du résonné poétique chez moi, non de l’assimilation de données, j’écris d’emblée dans l’impossible, sous influence, mode fantastique. le cerveau mode fantastique.

Photo Sergio Grazia
Photo Sergio Grazia
Les terriens. Laura Tejeda, Radek Klukowski, Claire Rengade, Colline Caen, Stéphane Bernard, Franck Giraud, Jérôme Ogier.

CREATION

écriture et mise en scène
Claire Rengade

composition, direction musicale
Radoslaw Klukowski

comédiens
Colline Caen
Stéphane Bernard
Claire Rengade

musiciens/comédiens : le groupe Slash/Gordon
Radoslaw Klukowski trompette, marching trombone, objets, voix, composition
Jérôme Ogier Contrebasse, violon, voix, composition
Laura Tejeda voix , objets, composition
Franck Giraud clarinettes, voix

éclairagiste et régie générale Rodolphe Martin
ingénieur du son Frédéric Miclet
costumes Angèle Mignot
scénographe Elodie Monnet

chargé de production :
Franck Giraud / Eric Favre
administratrice Delphine Hugon

Photos © Sergio Grazia

coproducteurs
Château Rouge à Annemasse, Théâtre Poche à Genève, Théâtre de Vienne.
coréalisateurs
Nouveau Théâtre du 8° de Lyon
partenaires institutionnels
Région Rhône-Alpes, Conseil Général de l’Isère, Ville de Lyon
Avec le soutien de l’ADAMI et de la SPEDIDAM.
le texte est publié aux Éditions Espaces 34 (novembre 2011)

CRÉATION et représentations

* Annemasse : 15 novembre (19h30) , 16, 17 novembre (20h30) 2011 Création à Château Rouge
* Lyon : du 1er au 5 décembre 2011 (à 20h00 sauf samedi et dimanche à 17h00)
* Vienne : du 17 au 19 janvier 2012 (20h30) au Théâtre de Vienne
* Genève : du 9 au 19 février 2012 au Poche Théâtre (mercredi, jeudi et samedi à 19h ; lundi et vendredi à 20h30 ;dimanche à 17h ; relâche les mardis)
* Lausanne : 24 et 25 février 2012 à L’Arsenic-hors les murs- (dans le cadre des Colporteurs / Théâtre Sévelin 36)

Etapes de travail

* mai 2010 LECTURE / Débordement d’auteurs au Théâtre de Vienne et au NTH8 à Lyon
* sept 2010 LECTURE / festival Essayages en Ardèche
* 12 novembre 2010, LECTURE / Lettres Frontières à Château-Rouge à Annemasse
* 20 novembre 2010, Chantier 1 / NTH8 de Lyon
* 12 janvier 2011, MAQUETTE / route des Vingt au Théâtre de Vénissieux
* 24 janvier 2011, LECTURE / RTBF Bruxelles, festival Voix d’auteurs
* 26 janvier 2011, MAQUETTE / Premières lignes, l’échangeur artistique à l’Atelier à spectacles, Dreux
* 19 février 2011, SOIRÉE ORIGINELLE / Château Rouge, Annemasse

+ de photos...

LES TERRIENS DANS "DARE DARE"
émission de Yves Bron et Laurence Froidevaux sur RTS
écouter
Émission du 10/02/2012 - 6’20

LES TERRIENS DANS "DEVINE QUI VIENT DÎNER"
Claire Rengade et Jérôme Ogier sont les invités de "Devine qui vient dîner" sur RTS
écouter
Émission du 23/02/2012 - 25’

Revue de presse Les terriens

PDF | 10.3 ko

Dossier Les terriens
du 8/12/11
PDF | 872.3 ko

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site par site on a nos lumières
très low teck non
lumières boutons
touch pannel interface agréable
vues synoptiques
acoustique systématique
en plus c’est enregistré
tout passage est filmé
je suis passé je suis dans la bande
pas de réverb pas d’écho
c’est vrai d’un bout à l’autre de la salle
je suis capable en un tour d’horizon de diagnostiquer où on en est
c’est la différence entre une machine qui fonctionne
et une machine qui fonctionne très bien

Les terriens {assurez-vous que vous faites totalement autre chose}

2011