théâtre craie

Comment dire ? Comment parler de la parole de Claire Rengade

sans tomber dans la posture ? Son écriture ne se poste pas, ne se met pas au garde-à-vous, ne se fige pas dans l’instant, mais se libère au contraire des corps dans un mouvement à géométrie variable. Pour incarner sa phrase multiple, le spectacle Ceux qui ne sont pas là levez-vous convoque d’ailleurs sur scène des comédiens, des comédiens acrobates et des comédiens musiciens...
Témoin de cet art débridé, un moment parmi tellement d’autres dans : un homme et une femme, accrochés à un trapèze et l’un à l’autre sur la scène, dialoguent en s’attrapant, en se lâchant et en se propulsant dans les airs. Ils s’essoufflent un peu mais ne lâchent pas le fil de la conversation, certes un peu décalée.
Et ainsi les scènes s’enchaînent, de vie, de ces cérémonies qu’on a tous vécues, de ces rituels désuets ou très ennuyeux, selon la part de mystique qu’on y met : mariages, communions, inaugurations et autres réjouissances. Tout à coup, un geste, une phrase vous tord le boyau, et dans l’instant d’après, juste même, on en rirait sous le manteau... Allez comprendre cet art du saisissement et du dessaisissement du spectateur. j’adore. En particulier la chanson de la petite robe. Comment dire encore ? Claire Rengade explique que ses spectacles "s’écoutent comme un tout", qu’ils sont "des bains et non des itinéraires. Il m’intéresse de faire du théâtre un lieu prétexte à bavardages, et qu’à chaque étape de la création la rencontre s’invente entre le texte et le monde, entre l’acteur et l’auditeur."

— Florence Roux, 491, novembre 2009 —


"(...)En commençant à écrire, j’ai donc cherché pourquoi j’aime si peu les représentations, les protocoles. Alors, comme si je partais en voyage, je me suis fait inviter dans des cérémonies de toutes sortes, pour les vivre de l’intérieur. J’ai collecté des moments, des histoires, des paroles."

— Propos recueillis par Florence Roux, 491,
janvier 2009 —

Ceux qui ne sont pas là levez-vous

2009