théâtre craie

Assez de poésie le troupeau donne à entendre une parole à la fois réaliste et poétique du monde caprin

tel qu’il existe aujourd’hui, entre tradition et modernisation. Au cours de leur résidence, les comédiens de la Compagnie ont donc visité de nombreux élevages, se sont immergés dans le Pays de Vesc, et ont glané les paroles, enregistré les sons, regardé un monde souvent méconnu qu’est la culture caprine.
L’accueil chez l’habitant, les ateliers menés dans les écoles, les nombreuses rencontres avec les chevriers, ont aussi permis d’éveiller la curiosité des enfants et des adultes autant sur le monde caprin (de par le sujet) que sur le processus de création artistique (voir les comédiens en cours de travail, un spectacle en construction).
La mise en espace alterne textes, interventions chantées, interprétés par cinq comédiens, et des enregistrements sonores de paroles de chevriers, de sons captés dans les élevages.
La force de cette représentation est d’être à la fois issu d’une observation quasi documentaire du monde caprin et d’être aussi porté par une réelle écriture théâtrale de Claire Rengade, metteur en scène et auteur de la Compagnie. Claire a en effet eu l’opportunité d’écrire ce texte lors d’une résidence au Centre National d’Ecriture de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, alors qu’elle venait déjà de passer plusieurs semaines à Vesc.
Avec humour et dérision, sensibilité et réalisme, ce spectacle relie de manière originale des cultures et des imaginaires différents. De ce monde agricole secoué par une économie de marché, le Théâtre Craie dresse un portrait émouvant et sans concession de ses rêves et de ses difficultés, dans une forte proximité avec le public.

— Elisa Dumay, coordinatrice des fêtes caprines,
agence De L’Aire, Crest (26) —


Inclassable, drôle et tendre. Telle est cette fable théâtrale qui parle d’hommes et d’animaux, de tradition et de modernisme, de réalité et d’imaginaire.

— Laurent Delauney, Le Dauphine Libéré,
12 mars 2006 —


C’est un bain nous dit Claire : laissez vous porter. Elle parle comme ça tout simple avec ses sourcils d’ombre, pas de manière c’est Claire, c’est franc du collier sans perlouse. (...)

Ça coule très vite débit saccade, pas mitraillette, plutôt petit ru de montagne bien dru, et la voix de la chevrière nous parle intacte au coeur de Paris quatorzième, bilibilibilibiliiiiiiiii. On les suit musiquant la transhumance, swingant des pyramides de faisselles, et qu’on s’en fiche ou pas des chèvres tout est pour nous : pour nous qui avons dans le ventre du vivant à qui l’on parle autrement qu’avec les mots, pour nous qui avons les mains empêtrées dans des machines sans lesquelles nous défaillons d’asphyxie, pour nous qui regardons les enfants gambader cabris sur l’herbe des collines ou bien des squares. Claire dit j’écris la langue que tu parles, merci Claire, moi là tu vois j’écris le bruit que font tes images comme un écho clochette autour du cou, partout.

— Judith Bernard,
professeur agrégée de lettres, écrivain, journaliste.
APRÈS COUP. Retour sur le « prélude » de assez de poésie le troupeau organisé par ANETH (aux nouvelles écritures théâtrales) le 31 mai 06 à Paris —

Assez de poésie le troupeau

2006